CHEZ LES ESQUIMAUX

La tendresse maternelle ne fait pas défaut à l'enfant de l'Esquimau, qui est allaité trois ou quatre ans et ne saurait vivre du reste qu'à cette condition. En effet, aucune autre nourriture appropriée ne pourrait se trouver pour lui dans la hutte de son père, et s'il est forcé trop tôt de quitter le sein pour céder sa place à un autre, il est inévitablement condamné à périr. Mais, nous l'avons dit, les femmes sont peu fécondes et l'allaitement dure de trois à quatre années, à moins que la mère ne vienne à mourir : plus d'une fois, en pareil cas, on a vu, nous a-t-on dit, de malheureux pères, devenus veufs, enterrer leur enfant tout vivant, le cœur déchiré par les cris de la victime qu'ils ne pouvaient conserver à l'existence.

La nourriture de l'enfant est donc exclusivement puisée dans le sein maternel ; toutefois on voit de bonne heure, entre les lèvres du petit Esquimau, un morceau de peau de phoque ou de baleine, toujours doublé d'une couche de graisse, et qu'on lui donne à sucer dans les intervalles de l'allaitement.

Extrait de Voyage dans les mers du nord à bord de la corvette La Reine Hortense, Charles Edmond, 1857