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le tétou blog
2 février 2011

SIDA : ALLAITER N'EST PLUS AUSSI RISQUE

Source : Science.gouv.fr

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Chaque jour, 1500 enfants dans le monde contractent le VIH par leur mère, dont 90% vivent en Afrique subsaharienne. Ils ont été infectés in utero ou pendant l’accouchement, ou encore au cours de l’allaitement. Les jeunes mères pourraient renoncer à allaiter, mais ce serait priver leur nourrisson d’une source essentielle de nutriments et d’anticorps et l’exposer avec le lait artificiel à d’autres maladies (diarrhées dues au manque d’eau potable, malnutrition...).

Aujourd’hui, elles peuvent allaiter à moindre risque. Un consortium international de chercheurs, dont une équipe de l’IRD( 1), vient de montrer que prendre une prophylaxie antirétrovirale jusqu’au sixième mois d’allaitement leur permet de réduire de moitié la probabilité de contaminer leur enfant par rapport au protocole préconisé précédemment par l’OMS( 2). Cette nouvelle approche abaisse en effet de 9.5 à 5.4% le risque de transmission du virus. Ces résultats très encourageants ont incité l’OMS à revoir ses recommandations en la matière.

Dans les pays à faible revenu, 1,4 million de femmes vivent avec le virus du sida. Sans mesure de prévention, le risque pour les futures mères de transmettre le VIH à leur enfant in utero , à l’accouchement ou lors de l’allaitement est de 35%. Comme le préconisait l’OMS, prendre un médicament appelé la zidovudine au cours de la grossesse, suivie d’une dose unique lors du travail d’un autre antirétroviral, la névirapine, leur permettait déjà de réduire la probabilité de contamination. L’étude Kesho Bora ( 1), « un meilleur futur » en swahili( 3), vient de montrer qu’il est aussi possible d’allaiter à moindre risque.

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Le risque est divisé par deux

Ce consortium international de chercheurs propose une nouvelle approche qui réduit de moitié le risque de transmission postnatale par rapport aux précédentes recommandations internationales. L’équipe de recherche a mené de 2005 à 2008 un essai clinique auprès de plus de 800 femmes au Burkina Faso, au Kenya et en Afrique du Sud, afin de comparer l’efficacité de leur nouveau protocole à celle de la prophylaxie en vigueur. Les scientifiques ont administré à un groupe de patientes, entre la 28e et la 36e semaine et jusqu’au sixième mois d’allaitement, une combinaison de trois antirétroviraux : la zidovudine, la lamivudine et la lopinavir/ritonavir. Grâce à cette « trithérapie préventive », seuls 5,4% des enfants à l’âge de 12 mois se sont avérés infectés, contre 9,5% dans le groupe ayant suivi une prophylaxie classique( 2). La nouvelle combinaison se révèle même encore plus efficace chez les femmes dont la charge virale est élevée.

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L’OMS revoit ses directives

Allaiter n’est donc plus aussi risqué. Cette formidable avancée, comme la qualifie l’OMS, l’a incitée à revoir ses préconisations. Depuis début 2010, l’Organisation recommande donc de poursuivre la prophylaxie tout au long de la période d’allaitement. Deux nouvelles options s’offrent aux futurs mamans : soit prendre de la zidovudine lors de la grossesse, puis donner à leur enfant de la névirapine tous les jours jusqu’au sevrage ; soit suivre la « trithérapie préventive » décrite par l’étude Kesho Bora pendant la grossesse, puis jusqu’à ce qu’elles arrêtent d’allaiter. En commençant la prophylaxie dès la 14e semaine de grossesse, ces nouvelles mesures pourront à terme réduire le risque de transmission du virus à moins de 5%, estime l’OMS.

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Un choix difficile

En 2009, on dénombrait 370 000 nouvelles infections par contamination mère-enfant, portant à 2,5 millions le nombre d’enfants de moins de 15 ans vivant avec le VIH dans le monde. Dans de nombreux pays, les mères se retrouvent face à un douloureux dilemme. Renoncer à allaiter, c’est effectivement réduire le risque de transmission de la mère à l’enfant à seulement 2%. Mais c’est aussi priver son enfant des anticorps maternels ainsi que d’une ressource nutritionnelle unique et l’exposer aux diarrhées ou à la malnutrition dues à une alimentation au lait artificiel et au manque d’eau potable. De plus, c’est s’exposer elles-mêmes à de possibles formes de stigmatisation dans leur entourage. Enfin, en l’absence d’un programme d’aide alimentaire qui distribuerait le lait artificiel gratuitement, cela signifie engager les ressources économiques de la famille pour une durée d’au moins un an. Sans compter le problème de l’accessibilité au lait infantile en Afrique sub-saharienne : plusieurs études d’observation ont montré l’existence de ruptures de stocks récurrentes au sein des ONG et des structures médicales qui fournissent les femmes séropositives (notamment en Afrique du Sud et au Botswana).
Bien que les antirétroviraux restent chers et que tous les malades éligibles pour ces traitements n’y aient pas encore accès à ce jour, l’étude Kesho Bora montre l’importance de fournir ces médicaments aux mères porteuses du VIH ou à leurs enfants. Ces nouvelles mesures contribueront à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, en termes de réduction de la mortalité infantile d’ici à 2015.

Notes :
1. Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec des chercheurs de l’OMS à Genève (centre coordinateur), Centre Muraz à Bobo-Dioulasso, Burkina Faso ; Kenyatta National Hopital, Nairobi et International Centre for Reproductive Health, Mombasa, Kenya ; Université de KwaZulu Natal, Africa Center for Health and Population Studies et Durban, Afrique du Sud ; CDC et NIH, Etats-Unis ; et Université de Montpellier I. Ces recherches ont reçu le soutien financier de l’ANRS, de l’EDCTP, de la Fondation Trasher, du CDC d’Atlanta, du NIH et de l’OMS.
2. L’OMS recommandait jusqu’à début 2010 d’administrer une dose de zidovudine deux fois par jour pendant la grossesse, puis une dose unique de névirapine au moment de l’accouchement suivie d’une prophylaxie pour le nouveau-né pendant une semaine.
3. Langue parlée dans l’Est de l’Afrique.

Source :
Rédaction DIC - Gaëlle Courcoux, Fiche d’actualité scientifique n°366,  site de l’Institut de recherche pour le Développement

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