MON BEBE PREND TROP DE POIDS
Jeune femme à l'enfant, Modigliani, 1919
La maman d'un bébé d'1 mois nous appelle à la suite de sa visite chez le pédiatre. Celui-ci lui a dit que son bébé avait pris trop de poids : 33g au lieu de 30g par jour. D'après lui les tétées sont trop nombreuses (le bébé tète environ 8 fois par 24 heure) et il faudrait que la maman en remplace certaines par des biberons de tisane de camomille sucrée. La maman n'est pas convaincue par cette prescription et a réagi avec surprise, d'autant plus que son bébé
avait eu quelques difficultés à prendre du poids les premiers temps à
cause de tétées trop espacées. Le bébé pesait 2kg 875 à la naissance, puis 2kg860 à la sortie de la maternité et actuellement il pèse 3kg700. Considérant qu'il a perdu peu de poids après sa naissance (d'après ce que dit la maman) ce bébé a grossi d'environ 850g.
Un bébé allaité peut ne pas suffisamment grossir dans certaines conditions, mais en revanche il ne peut pas prendre "trop" de poids. En l'occurrence dans ce cas, la prise de poids se situe dans une moyenne que l'on observe fréquemment, la croissance est parfaitement normale, ce bébé va bien et, qui plus est, la maman a confiance en son allaitement ce qui est primordial. En outre il n'est pas rare de voir des bébés exclusivement allaités grossir le premier mois d'1 kg et plus !
Alors, où est le problème ? Comment un pédiatre peut-il ignorer que le lait maternel ne fait pas trop grossir et qu'il est la norme biologique du petit humain, au point de décréter que ce bébé doit suivre un régime de réduction des apports caloriques ! Serait-ce le spectre de l'obésité qui l'influence à ce point ou des données purement arbitraires et figées auxquelles il se réfère sans autre critère d'évaluation ? Comment les sacro-saintes normes de croissance peuvent-elles à ce point aveugler et conduire ce professionnel à interférer avec un allaitement qui se passe parfaitement bien ?
Car en effet, en introduisant
précocement d'autres liquides que le lait maternel, on interfère dans
un équilibre précieux et encore fragile le premier mois, celui de la
demande du bébé et de la production de lait de sa maman, et l'on prend
le risque de faire échouer l'allaitement qui est l'alimentation exclusive nécessaire jusqu'à 6 mois environ, comme le recommandent toutes les instances nationales et internationales de santé publique : Organisation Mondiale de la Santé, (OMS) Haute Autorité en Santé, (HAS), Institut National de Prévention et d'Éducation pour la Santé (INPES), etc.
Heureusement que cette maman remet la décision du pédiatre en question et cherche d'autres sources d'information. Malheureusement pour d'autres parents, ces paroles institutionnelles seront paroles saintes et suivies à la lettre... Et l'on s'étonne des sevrages précoces en France tandis que sont colportées autant d'idées toutes faites que contradictoires telles que "votre lait n'est pas assez nourrissant" et "il a pris trop de poids, les tétées sont trop fréquentes"... Quand commenceront-ils - les pédiatres obsolètes - à réactualiser leurs connaissances sur l'allaitement ? Du lait de sa mère, rien que du lait de sa maman, c'est tout ce dont le petit d'homme a besoin pendant plusieurs mois , c'est son boire, son manger, son amour liquide et fichons lui la paix !
En passant par Le Tétou, cette maman aura récolté quelques arguments pour sa prochaine visite... on peut toujours rêver...