L'ALLAITEMENT MATERNEL ET SA DUREE INFLUERAIENT SUR LA SANTE MENTALE JUSQU'A L'ADOLESCENCE
Source :
The long-term effects of breastfeeding
on child and adolescent mental health :
a pregnancy cohort study followed for 14 years.
Oddy WH, Kendall GE, Li J, Jacoby P, Robinson M, de Klerk NH, Silburn SR, Zubrick SR, Landau LI, Stanley FJ.
The Journal of Pediatrics, volume 156, issue 4, April 2010, Pages 568-574
L’évolution du comportement est un aspect essentiel du développement de
l’enfant : de 10 % à 20 % des enfants ont des problèmes émotionnels ou
comportementaux. Les facteurs de risque connus sont familiaux, sociaux,
économiques et psychologiques, en particulier liés à la pauvreté,
l’éducation des parents, la taille des familles et le lieu de vie. Les
effets de l’allaitement au sein sur le développement des performances
intellectuelles ont été largement étudiés mais les données sur la santé
mentale sont conflictuelles. Une publication australienne rapporte les
résultats d’une étude menée sur une cohorte constituée à partir de 2
900 femmes, enrôlées entre 16 et 20 semaines de gestation, dont 2 366
enfants ont pu être suivis de façon prospective, deux sur trois jusqu’à
14 ans.
Toutes les variables pouvant interférer ont été notées
au départ. Les examens de suivi ont eu lieu à 1, 2, 3, 5, 8, 10 et 14
ans. Ils ont comporté des questionnaires standardisés permettant
d’établir des scores de comportement mental, complétés par des
interviews et des examens cliniques. Les scores ont pris en compte les
différent problèmes psychopathologiques, les uns comme anxiété,
dépression qualifiés d’internes, les autres tels conduites agressives
ou délinquantes d’externes, les scores les plus élevés correspondant
aux perturbations les plus importantes.
La durée de
l’allaitement a été analysée comme une variable continue et aussi
exploitée en 2 catégories : pas d’allaitement maternel ou durée
inférieure à 6 mois (48 %) ou supérieure à 6 mois (52 %). Tous les
facteurs de confusion possibles ont été pris en compte comme l’âge de
la mère, le niveau d’éducation, la dépression post-partum et bien
d’autres. Les analyses statistiques ont permis d’isoler la durée de
l’allaitement des autres facteurs; elle dépendait de l’âge de la mère,
de son éducation et du niveau socio-économique. Le taux de suivi a été
de 75 % pour descendre à 65 % à 14 ans.
Au total, toutes les
variables de santé mentale ont montré une augmentation des risques
inversement corrélée à la durée de l’allaitement maternel de l’enfance
à l’adolescence. Cette augmentation a été constatée aussi bien en
tenant compte de la durée en variable continue ou de façon dichotomique
(<6 mois et >6 mois).
L’effet était plus faible pour les
scores internes que pour les externes ou les globaux. Cette association
persistait après ajustement pour les facteurs familiaux, sociaux,
économiques et psychologiques du début de la vie.
Commentaires : cette étude paraît montrer un nouvel avantage de l’allaitement maternel. A noter sa durée inhabituelle en France.
Pr Jean-Jacques Baudon, Pédiatre