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le tétou blog
12 août 2009

ALLAITER, C'EST FEMINISTE OU PAS ?

2009_03_05_allaitement

Photo : Lors d'une manifestation pour promouvoir l'allaitement au Brésil (Paulo Santos/Reuters).

Source : Rue89

Par Renée Greusard | Etudiante en journalisme | 05/03/2009 | 18H32

C'était mardi dernier. L'Académie de médecine préconisait dans un rapport l'allaitement maternel et des congés postnatals plus longs. Je me suis demandé ce qu'en pensaient les féministes. Furax contre une nouvelle pression sur les femmes ? Pas vraiment. Elles sont plutôt divisées sur la question.

Premier réflexe : appeler Héloïse, ma copine féministe, militante depuis peu aux Tumultueuses. Au bout du fil, elle s'offusque contre la tentation de prendre les femmes pour des « vaches à lait ». Elle n'est pas du tout contre l'allaitement, mais dénonce « un discours ambiant pro-allaitement » :

« Ce qui m'agace le plus, c'est que la société n'entende pas que c'est long, que c'est notre corps et qu'on a le droit d'en disposer. Dans les faits, ça prend cinq heures par jour et ça fait mal. Donc, il faut vraiment que ce soit un choix. »

En 2006 déjà, Libération avait publié un article ("Ce sacro-sein allaitement") qui m'avait surprise. Eduquée au : « l'allaitement, c'est merveilleux et c'est bon pour la santé de l'enfant », j'avais été étonnée de découvrir des femmes qui se plaignaient du regard de la société.

« Etre un animal »

OK. Donc, les féministes dénoncent toutes les pressions exercées sur les femmes pour allaiter ? Ce n'est pas le cas de Marie-Sophie, une consœur journaliste et féministe :

« Il me semble que si tu veux allaiter, c'est un combat. Il faut te justifier, assumer d'être un “animal”, avoir la force d'aller au taf avec son tire-lait, ou de rester plusieurs mois à la maison et se faire mal voir par son entreprise… »

Emma, l'une des trois auteures du blog Mauvaises Mères , a choisi d'allaiter. Elle n'a pas trouvé ça  facile du tout et s'est effectivement sentie jugée au travail :

« C'est clair que ça fait sourire les collègues quand on part à 18 heures pour l'heure de la tétée. »

Au Planning Familial, Anne, une conseillère féministe partage pleinement son avis. Pour elle, la pression vient de partout :

« L'image de la mauvaise femme qui allaite est quand même bien présente. Combien de fois, on entend “Comment ça vous allaitez dans un espace public ? Vous n'avez pas honte ? ” »

De quoi agacer encore plus Marie-Sophie :

« Ça choque beaucoup les gens qu'on montre un sein dans la rue. En revanche, les femmes à poil sur les affiches publicitaires, ça ne choque pas. »

Et Anne d'expliquer qu'elle a même ressenti un jugement de la part des ses amies féministes :

« Etre féministe et avoir un enfant, ce n'est pas évident. Mes amies me disaient “Tu es féministe et tu allaites ? Mais qu'est-ce que tu fous ? ” »

L'allaitement victime de Vichy

Claude Didierjean Jouveau est animatrice en France de la Leche League, association d'information et de soutien aux femmes qui aillaitent. En 2003, elle avait publié un article pour la revue Spirale, sur  les relations des féministes à l'allaitement.

« Les rapports entre féminisme et allaitement n »ont jamais été simples, et ont beaucoup varié selon les époques et les pays », y explique-t-elle, avant d'évoquer les militantes du début du siècle dernier, favorables à l'allaitement, puis celles de l'après-Vichy, qui s'y sont au contraire opposées :

« Le gouvernement de Vichy exaltait tellement l »idée de la mère et de la femme au foyer (« Travail, famille, patrie »), accompagnée d »une telle régression des droits des femmes, qu »on peut comprendre qu »on ait ainsi « jeté le bébé avec l »eau du bain »… »

Aujourd'hui, Claude Didierjean-Jouveau estime qu'au niveau sociétal, « c'est vrai que l'idée que c'est mieux d'allaiter a un peu pris le dessus ». Concrètement, à la Leche League, on estime que 64% des bébés français sont allaités.

Quel que soit leur choix, les femmes ressentent toujours des pressions, dans un sens comme dans l'autre. Conclusion d'Anne, du Planning familial :

« Dans tous les cas on est toujours une mauvaise femme, une mauvaise mère et une mauvaise féministe. »

Et vous, qu'en pensez-vous ???

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Commentaires
N
J'allaite bébé depuis 12 mois et j'ai envie de continuer. Malgré le bonheur naturel que nous vivons bébé et moi, il est vrai que je suis passée par des moments de doutes où je voulais arrêter. Je ressens une pression selon les personnes qui m'entourent. Mais, mon instinct me guide et je l'écoute. Et oui, nous sommes des "animaux", nous avons bien des besoins naturels a assouvir ...<br /> D'autre part, je suis étonnée que les féministes puissent être "contre" l'allaitement puisqu'une femme a justement ce rôle a tenir. Si notre corps est ainsi fait c'est bien pour cette raison. Cela fait parti de notre féminité.<br /> Nadège
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