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le tétou blog
23 juillet 2009

L'ALLAITEMENT VICTIME DES CRITIQUES

Dans ce témoignage, Lisette B. nous confie les misères et les déchirements de son premier maternage, vécu dans un milieu à prime abord hostile à son allaitement. Elle revendique le droit pour la nouvelle mère de faire son expérience personnelle dans une ambiance d'acceptation chaleureuse. Elle nous rappelle que la nouvelle maman a besoin d'encouragements et qu'on doit éviter de lui servir des critiques et des conseils contradictoires qu'elle n'a pas sollicités.

tumb

Kees Verkade, Protection (1987)

[...] On ne cessait de me demander à quels intervalles il buvait, s'il dormait toutes ses nuits ; ou on me disait de le laisser pleurer, de lui donner un suce, etc. Cela fatiguait les gens de me voir allaiter. A la longue, on finit par perdre confiance, on a l'impression qu'on n'est pas une bonne mère. Quand mon bébé eut six semaines, alors qu'il faisait une poussée de croissance, il continua de boire aux demi-heures et moi je fis de l'hypoglycémie. Aussi, les seins vides, je sortis les céréales, qu'il s'empressa de cracher. J'aurais voulu me punir d'avoir cédé à leur acharnement. J'étais plus qu'épuisée. Je n'avais plus d'appétit. Je mangeais des choses saines mais en quantité moindre que durant ma grossesse.

On m'appelait tous les deux jours, réveillant le bébé pour me dire : "Etais-tu encore en train de l'allaiter ? T'as pas encore fini ça ? Tu sais le biberon c'est facile aujourd'hui, on n'a pas besoin de stérilisation, c'est vraiment la faute des mères si les bébés pleurent. Tu pourrais organiser son horaire pour qu'il se lève plus tard le matin. A quelle heure le couches-tu ?", etc. J'en devenais angoissée, je ne pouvais plus dormir, pleurant sans cesse. J'ai supplié mon mari de leur parler. Il m'a dit que je me faisais des idées, que ses soeurs n'auraient jamais dit de telles choses, qu'elles allaient se rendre compte que nous seuls avions à décider, que les dix années passées depuis leurs maternités avaient effacé la plupart de leurs souvenirs ; n'empêche qu'elles semblaient tout savoir.

Me sentant tenace, on essaya de s'y prendre d'une autre façon. Je venais d'allaiter mon bébé, lorsqu'on me dit que j'avais les seins bien affaissés. Puis, on s'en prit à ma vie privée. Ma belle-mère remarqua que son fils avait maigri et insinua qu'il n'aimait peut-être pas ma nourriture, que ma maison était négligée, etc. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Je me suis fâchée, on a pleuré, on ne s'est pas comprises. Si je lui avais dit directement de se mêler de ses affaires, ça aurait été plus simple et plus clair.

On a voulu décider à ma place. J'étais fatiguée, d'accord, mais ce n'est pas une raison pour essayer d'influencer quelqu'un. On n'a jamais essayé de comprendre pourquoi j'allaitais. On n'a vu que les côtés négatifs, on a réussi à rendre ce plus beau temps catastrophique. A quatre mois, malgré moi, mon bébé était sevré.

Quand j'en parle, j'en tremble encore et je pleure. Ma famille n'est pas complète, mais j'ai peur. La prochaine fois, les autres sauront-ils se taire ? Ont-ils compris le mal qu'ils m'ont fait ? J'envie les femmes appuyées par leur entourage.

L.B., Pierrefonds (Québec), Canada

Extrait de L'instinct Maternel apprivoisé, Ed. Stanké

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Commentaires
C
Merci Hélène pour ce commentaire généreux !
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H
Chère Lisette, j'aimerai te serrait dans mes bras et pleurer avec toi pour effacer le chagrin de cette dure épreuve que t'ont fait subir cette horde de harpies ignares et jalouses. Elles, qui certainement n'avaient pas su faire, et qui bêtement ont pris le relai de ces phrases stupides, promptes à casser tout le charme et le bonheur de l'allaitement. <br /> ET malgré tout "BRAVO" d'avoir résisté 4 mois face à ces critiques, mon métier m'amène à rencontrer des mamans qui ne tiennent pas plus de 3 jours avec de tels vautours autour d'elles.
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