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le tétou blog
4 février 2009

ALLAITER AVANT GUERRE

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Parce qu'elle est enceinte pour la première fois, elle reçoit les avis de celles "qui sont passées par là". Ce sont des récits effrayants, souvent, dramatiques parfois. Des enfants étranglés par le cordon, des fièvres, des morts, des seins crevés d'abcès, des mamelons crevassés. Des cris de femmes. Des flots de sang.

Au cours de ces réunions on a souvent évalués en souriant les beaux seins d'Appolonie qui laissent présager un lait abondant. Ce lait qui est la fierté et l'angoisse des femmes. Il est ce don gratuit dont la qualité et la quantité sont imprévisibles. Il est une fierté et une richesse potentielle. On peut le vendre très cher. On peut en faire profiter un orphelin ou un enfant dont la mère en serait dépourvue. Une femme est glorifiée par la fait qu'elle est bonne nourrice, une autre est méprisée parce que son enfant est maigre  et ne "profite" pas. On dit méchamment derrière son dos que son petit ne se "fait" pas, que son lait est mauvais. On cherche les causes dans sa généalogie, dans les vieux pêchés, dans la mauvaise santé de la lignée ou de l'individu dont pourtant personne n'est responsable.

Le lait apparaît si miraculeux que l'on craint pour lui, toujours, les sortilèges, le mauvais oeil des mauvaises gens. On le protège comme on peut par des précautions particulières et aussi par des dévotions. Quand par exemple un bébé est au sein, il faut bien cacher ses pieds, car si une sorcière les voyait, le lait serait tari.

Extrait de Appolonie de Marie Rouanet et Henri Jurquet, Edition De Borée, Collection Terre de poche.

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