ALINA REYES ET L'ALLAITEMENT
Deschamp, 1993
Mon deuxième fils ne rencontra pas ces difficultés, puisque mes seins avaient été pourvus de tétons confortables par son frère aîné. Mais c'était un goulu, et je me faisais toujours attraper par les sages-femmes de la clinique, qui le pesaient avant et après chaque tétée, et trouvaient qu'il prenait trois fois trop de lait. "Pourtant je ne l'ai pas laissé longtemps", me défendais-je mollement. Mais franchement, qui aurait eu le cœur de sortir du sein un bébé qui tétait avec un si bel entrain ?
(…) A la naissance de mon quatrième fils, une sage-femme de la maternité voulut absolument m'apprendre comment le mettre au sein, à quelle fréquence, etc. C'était le quatrième enfant que j'allaitais, je n'avais nul besoin de leçons, et je lui dis gentiment. Mais elle s'entêtait, tant il est vrai que le corps médical considère que votre corps lui appartient.
Extrait de Corps de femmes, Ed. Zulma, 1999.